Présentation
A la base cette méthode est appelée Communication Facilitée (à destination des personnes privées de l’usage de la parole) par sa « découvreuse » Rosemary Crossley, puis « psychophanie » par Anne-Marguerite Vexiau (à destination des personnes sans difficulté de parole, demandeuses d’une exploration des différentes strates de l’inconscient), puis encore « Communication Profonde Accompagnée » par Martine Garcin-Fradet.
Chacune de ces appellations appartient en quelque sorte à ces différentes personnes. Il est donc malaisé de les employer sans leur aval. Mais qui dit « aval » dit aussi se soumettre aux schémas de pensée et de croyance de leurs détentrices.
Or l’objet de cette formation est d’abord l’exploration, la mise en résonance des thérapeutes avec les textes qui émergent et l’approfondissement de leur propre parcours de psychothérapeute dans une co-création inter-relationnelle avec le patient.
Il s’agit donc de partager le questionnement et la profondeur de ce qui surgit dans les textes, ainsi que de nos filtres, résonances, projections, identifications, interférences…. afin que chacun puisse ensuite s’approprier l’outil dans le cadre qui est le sien, et sans avoir à se conformer à des outils thérapeutiques propres aux formateurs et formatrices.
Du fait de mon travail depuis 47 ans auprès de grands malades et de personnes en fin de vie, de 27 ans de pratique en cabinet, de 31 ans de pratique de thérapies de groupe ou/et de travail sur l’écoute, la voix et la présence, les mots issus de la pensée « rationnelle » me semblent arriver de plus en plus bons derniers face au langage symbolique et émotionnel émergeant dans l’instantanéité d’une rencontre de deux espaces internes s’ouvrant l’un à l’autre.
Les mots qui s’inscrivent sont alors chargés de « chair », d’espace et de souffle et nous avons à apprendre à faire le vide en nous-mêmes pour accueillir ce qui ainsi cherche à se dire.
Langage de poésie, d’images et de symboles, langage de sensations et d’émotions qui émergent, afin de nous offrir – à nous « passeurs » – l’opportunité de lâcher prise et de nous ouvrir à d’autres niveaux de conscience – et aux patients, l’opportunité de découvrir des niveaux d’eux-mêmes insoupçonnés et guérisseurs.
Ces textes sont des jalons, des passerelles, des surgissements de mémoires, d’affects, une plongée dans des niveaux qui vont du plus immédiat (dans l’histoire de la personne) au plus « élevé » ou « profond » (transpersonnel), selon la vision que l’on a des choses.
Textes
Figure-toi bien de dire la reconnaissance éprouvée à l’endroit de mes enfants
Rien ne me blesse tant que le silence contraint de l’espace de mon corps
(un soignant entre dans la chambre)
ne trouble pas ces instants de partage précieux
dans ma vie ils se gravent
(…) ne me soutiens pas uniquement la main
apporte moi aussi ton écoute
rien de ce qui se dit ne se perd
Ne quitte pas la main
Ne quitte pas mon cœur
Mes petits sont si beaux
Resplendit mon ventre de mère
Fierté
Ma vie fut belle et difficile mais je suis pleine d’amour aujourd’hui.
strong>Femme autiste 45 ans
je me souviens de l’arbre
je voulais voler ici, souvent
je m’envole dans des ailleurs de couleurs et de lumière chaude et de vie
petite sœur de mon cœur
papillotes de noël dans tes jeux (yeux ?)
ton rire chante encore dans mes oreilles
la vitre fracassée de mes rêves inutiles blanchit d’éclats mon paysage invisible.
Petit chat. Merveille dans mes cheveux mêlés à ma crinière
Oh oui, l’émotion pour moi aussi est forte de te parler et que tu m’écoutes ainsi avec ton cœur
Pardon de n’avoir pas pu être une sœur de vie
Je suis la sœur des rêves et des cauchemars mais je brille à l’intérieur de tout un amour infini
Merci d’être là.
Question pour savoir si elle accepte que les soignants lisent cela
Oui je suis heureuse qu’ils me connaissent mieux.
Texte écrit en présence de sa sœur.
Les papillotes sont ses bonbons préférés envoyés tous les ans à Noël par sa mère
Le petit chat était celui qu’elle avait quand elle était petite. Il venait s’enrouler dans ses cheveux
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Enfant autiste 10 ans
Frontière indiscernable
Ventre noué sur les pénombres indissociables de mon âme troublée
Jouer tel un enfant de Lumière dans la beauté du monde
Pas de parole possible pour exprimer les souvenirs enfouis d’avant le tout, d’avant la nuit
Gorge serrée, nouée de mes peurs non-dites
Lumière flamboyante de ma peur rétine embuée
L’émotion est forte et la respiration serrée
Peur de mal faire
Inadéquation au monde trop lourd pour moi
Ma légèreté d’âme cherche parfois à s’envoler
J’ai à apprendre le poids, le lourd, la limite de ce temps, de cette vie sur cette terre
Fragile est ma conscience
Flamboyante est ma destinée
Je suis Lumière à incarner si j’accepte le poids de la Terre
J'aime pas certains mots
Ils heurtent au dedans et circulent tout sales
Il y a des mots qui ne sont pas dits et qui font du mal
Il y a des choses qui sont pas belles et qui viennent de loin
D'avant quand j'étais petit
D'avant quand je me souviens pas parce que j'étais pas là
Ça grogne à l'intérieur
Ça grince et ça tournoie
Les papis ne disent pas tout
Et c'est difficile pour les papas de trouver leur parole
C'est comme un cauchemar
Les mauvais rêves ont mauvais goût
Ça me prend dans la bouche mais c'est pas à moi de dire
Mon papa pourrait plus que moi parce qu'il est plus grand
Mais il sait pas faire et ses mots sont coincés
Rigoler pour le faire rire
Il est triste dedans des mots qu'il ne sait prononcer et ceux qu'il n'entendra jamais
J'ai plein d'amour dedans
Plein de lumière
Je veux aider
Creuse dans les racines, dans le creux du tronc
Recherche dans l’histoire, recherche celle qui fut et pourra te guider.
Noueuse est son écorce et épaisse ses contours
Les dents serrées sont un héritage et la mâchoire se tend sur ce qui ne peut être réalisé.
Recherche et trouve, marie le sang avec la terre de tes ancêtres
Junon, Juin, Jupiter, Juvénal, Juive
Dans les fours repars !
Retrace la route petite fille,
Cachée dans les décombres dans les squelettes ramassés par le vent, flotte ton nom.
J'entends la corolle du fleuve qui inonde la terre
Quatre branches réservées à la vie
Quatre creux dessinés dans le ciel où suintent le sang, les larmes, la moelle et le flux de vie.
J'entends la corolle qui prie
J'entends le passage des astres et regarde d'en haut les plumes créer vos ailes.
Vous êtes le souffle
Je suis la vie
Je suis le cœur
Vous êtes le poids
Vous battez la mesure
Je dénombre le temps
Inspirés je vous dessine à l'aube de mes paupières
et vos rêves me créent comme le souffle qui se perd au seuil de toutes vos nuits.
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De grâce dépêchez vos pas
Votre marche chancelle devant des obstacles inutiles
Redressez votre colonne comme un appui au ciel
Faites de vos présences les piliers étoilés qui rejoignent la source
Dans la clameur du silence, j'entends vos peines et vous promets le retour à l'unité du cœur
Espérez comme on boit, comme on respire, d'un seul élan tendu vers la même évidence d'amour
Un soleil est en train de naître comme une danse épanouie des cellules sacrées du cœur palpitant
Respirez